Auteur : AJABU MASTAKI Gabriel.
Chercheur en droit international des droits de l’homme et défenseur des droits de l’homme chez Amnesty international. Master en droit judiciaire université du Burundi, Master en Droit international public université Espoir d’Afrique. Contact : ajabumastaki7@gmail.com, +25769779770
De prime abord, soulignons que le terme « changements climatiques » désigne les variations des températures et des conditions météorologiques sur le long terme ; lesquelles variations peuvent être un phénomène naturel, mais depuis le début du XIXe siècle, elles résultent principalement de l’activité humaine, notamment de l’utilisation des combustibles fossiles (tels que le charbon, le pétrole et le gaz) qui produisent des gaz à effet de serre.
Il a été prouvé que les changements climatiques constituent un problème complexe, qui, bien qu'étant de nature environnementale, a des conséquences sur beaucoup d'issues globales telles que la pauvreté, le développement économique, la croissance de la population, le développement durable et la gestion des ressources.
A l’international ces changements sont protéger par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCCC) qui vise à stabiliser les concentrations des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à des niveaux qui n’influent pas dangereusement sur le climat mondial. Manifestement, cette stabilisation nécessite une forte augmentation du1 recours aux techniques d’exploitation des énergies renouvelables1.
Environs 90% de la population du Burundi est majoritairement rural ce qui fait que le Burundi dépende de l’agriculture et des ressources. Avec environ 380 habitant(e)s au kilomètre carré, le Burundi a une des densités démographiques la plus forte au monde, ce qui fait que le ménage burundais moyen, est composé de sept personnes, ne disposant que d’environ un demi-hectare de terre2. Cettepénuriedeterressetraduitparl’exploitationdesurfacesinadaptéesetdepentes escarpés, ce qui entraîne souvent la dégradation des sols, c’est-à-dire une forte érosion et la baisse de la fertilité des sols. La destruction des écosystèmes est accélérée par le surpâturage et la surexploitation des forêts. Ces problèmes écologiques sont encore aggravés par les effets du changement climatique, comme l’augmentation des températures et des précipitations et les événements météorologiques extrêmes, tels que les inondations et les sécheresses. Tout cela augmente la vulnérabilité de la population et compromet le développement socio-économique.
Selon le bureau de la banque mondiale au Burundi, le Burundi perd chaque année environ «38 millions de tonnes de son sol», à cause de la dégradation de ses terres. Elle ajoute en disant que « le dérèglement climatique » constitue une menace sérieuse pour le Burundi, d’où la « nécessité de s’atteler d’urgence aux risques cumulés découlant de l’aggravation des effets du changement climatique ». Ceci étant le Burundi est extrêmement exposé aux conséquences du dérèglement climatique et supporte les retombées des missions mondiales. Comme la plus part des Etats africains, le Burundi connait des conséquences néfastes du changement climatique dont il n’est pas responsable.
Alors que dans un rapport de la banque mondiale de 2016 sur le Burundi, il a été prouvé que le Burundi est le plus faible émetteur de gaz à effet de serre (GES) sur 188 pays, il ne contribue aux émissions mondiales qu’à hauteur de 0,01 %.
D’après l’indice mondial d’adaptation qui mesure la vulnérabilité d’un pays au changement climatique, le Burundi est au 171eme rang sur 181 pays. Il convient de préciser que les précipitations et la température ne cesse d’augmenter au Burundi. En suite les régimes habituels, saison de pluies et saison sèche ne cessent d’être modifiés en raison des changements climatiques : le mois de novembre à février devient plus humides dans la saison des pluies et une tendance à l'assèchement se développe d'août à septembre. De plus, la saison sèche devient probablement plus chaude et dure plus longtemps au Burundi. Cette tendance a un impact plus sévère dans les jours actuels ; laquelle tendance se projette a l’avenir. Ces changements climatiques ont des conséquences importantes sur le secteur agricole et les moyens de subsistance au Burundi.
À l’ avenir les conditions climatiques pourraient ne plus représenter des conditions de croissance optimales pour les cultures actuelles dans différentes régions du Burundi. Selon un rapport GIZ « Les pratiques agricoles et les types de culture devraient donc être adaptés à l'élévation des températures et au changement des régimes et des quantités de précipitations. Des températures plus élevées et une prolongation de la saison sèche risquent de réduire encore la disponibilité de l'eau dans des régions déjà sujettes à une pénurie d'eau saisonnière.
Ceci s'applique en particulier à la partie nord du Burundi ainsi que la région autour de Bujumbura. Les excédents d'eaux pluviales risquent de ne pas être efficaces et de se perdre simplement sous forme de ruissellement superficiel. Cela pourrait continuer d'accroître l'érosion des sols au Burundi et de diminuer les ressources en terres arables déjà insuffisantes3 ». Cette perspective constitue les problèmes majeurs que connait le Burundi, lesquels problèmes sont dus au changement climatique.
Cependant, l'augmentation des précipitations pourrait prendre la forme de précipitations extrêmes qui pourraient entraîner un risque et une fréquence plus élevés de glissements de terrain et de boue en convergence avec l'érosion du sol4. Pour faire face à ces effets néfastes des changements climatiques, ces tendances au niveau des précipitations et de la température doivent être prises en compte dans les stratégies d'adaptation et les plans de développement des secteurs vulnérables pertinents ainsi que dans le cadre de l'aménagement du territoire.
En conclusion, nous pourrions dire que ces changements climatiques exposent le Burundi à des conséquences majeures comme des inondations qui par ailleurs sont fréquent et qui occasionnent des déplacements de la population, la multiplicité des incendies, les sécheresses, une augmentation de la chaleur (canicule), les gels ou solidification de l’eau en glasses, les tempêtes, les précipitations intenses, les érosions côtières, etc.
A l’heure actuelle, les changements climatiques ont déjà induit des conséquences évidentes radicales sur la vie socio-économique des populations dont les secteurs les plus touchés sont l’agriculture, l’énergie, les ressources en eaux, les écosystèmes forestiers et paysages, le secteur de la santé ainsi que le secteur des transports et infrastructures. Les régimes climatiques changeants tels que, l’augmentation des précipitations et de la chaleur, ainsi que des situations catastrophiques rendent le Burundi plus vulnérable et affectent les efforts de développement du pays. Ils engendrent des conséquences aussi désastreuses qui se matérialisent par la chute de la production agricole et animale, les pertes en vies humaines, les inondations et sécheresses répétitives, l’augmentation des risques de maladies, la hausse de l’insécurité alimentaire, la malnutrition, l’érosion du sol, la pollution des ressources en eau, la destruction de l’habitat humain et des infrastructures tant publiques que privées etc.
Comme le souligne le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (UNOCHA, 2021), les changements climatiques au premier rang desquelles les pluies torrentielles, inondations et glissements de terrain ont étés à l’ origine de la totalité des déplacements forcés de population au Burundi en 2020.
Soulignons enfin qu’au Burundi, le changement climatique, en tant que composante du changement global, exacerbe les risques pour l’environnement et la biodiversité. Les évolutions tendancielles du climat mais aussi l’accroissement de la fréquence et de l’intensité des phénomènes atypiques (vague de chaleur, de froid...), et leurs impacts dans les domaines de l’agriculture, de l’alimentation, de la forêt, de la gestion de l’eau et des déchets pouvant conduire à une crise socioéconomique comme nous l’avons démontré supra.
Références :
1AJABU MASTAKI G., les énergies renouvelables et le droit international de l’environnement, in ano éducation, (2022) disponible sur www.ano.education
2Office Burundais de Protection de l’Environnement (OBPE), Gestion durable des ressources en eau et en sols dans les régions fréquemment sinistrées par des catastrophes en vue d’accéder à la sécurité alimentaire, in Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), Burundi 2018
3Stefan L., Rocio R., Kerstin F., Rapport sur le changement climatique au Burundi, (2014)
4ibidem
Bibliographie :
AJABU MASTAKI G. , les énergies renouvelables et le droit international de l’environnement, in ano éducation, (2022) disponible sur www.ano.education
Office Burundais de Protection de l’Environnement (OBPE), Gestion durable des ressources en eau et en sols dans les régions fréquemment sinistrées par des catastrophes en vue d’accéder à la sécurité alimentaire, in Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), Burundi 2018
Stefan L., Rocio R., Kerstin F., Rapport sur le changement climatique au Burundi, (2014)
Liersch, S., Rivas, R. (2014): Climate Change Report for Burundi. Eschborn: GIZ.
Meinshausen, M., Smith, S., Calvin, K., Daniel, J., Kainuma, M., Lamarque, J.-F.,
Matsumoto, B., Nakicenovic, N., Riahi, K., Smith, S. J., Stouffer, R. J., Thom-son, A.
P., Shuttleworth, W. J., Blyth, E., Österle, H., Adam, J. C., Bellouin, N., Boucher, O., & Best, M. (2011). Creation of the WATCH Forcing Data and its use to assess global and regional reference crop evaporation over land during the twentieth century. Journal of Hydrometeorology.
Auteur : AJABU MASTAKI Gabriel.
Contact : +25769779770, ajabumastaki7@gmail.com